samedi 16 janvier 2016

Sentinelle, Barkhane, même combat mêmes limites

C'est peut-être un des objets des attaques de Bamako et Ouaga : démontrer que les efforts en matière
de contre-terrorisme des pays du G5 Sahel, et, au-desus d'eux, de la France, sont complètements vains. Bref, décridibiliser la démarche, ceux qui la portent.

Puisque des attaques sont menées en toute impunité au coeur des capitales, même si les terroristes y restent à la fin, difficile de ne pas tirer la conclusion, surtout que Barkhane a son petit coût, matériel, humain, et budgétaire, supporté uniquement par le budget français (1).
Comme c'est le cas pour Sentinelle en France, personne n'est assez bête pour croire que 3500 militaires, même très motivés (mais peu équipés) vont, à eux seuls, régler les problèmes d'un territoire grand comme l'Europe. Dans lequel c'est d'abord aux premiers acteurs -les africains- d'améliorer la collecte et la remontée de renseignement, et d'aller au carton (2). Le bilan, en la matière, est assez contrasté, malgré une com'  positive (les Français sont en appui, les Africains progressent, etc) mais pas forcément convaincante.
Comme à Bamako, ce ne sont pas les forces locales qui ont réglé l'attaque de Ouaga.
Pour combattre un ennemi qui vit en 4x4, il faut vivre en 4x4, et pas sur des bases de fonctionnement conventionnel. Barkhane, c'est n'est ni la Bosnie, ni le Kosovo, ni l'Afghanistan.
Pour combattre un ennemi sur un territoire grand comme l'Europe, il faut aussi des moyens d'intervention aériens, comme par exemple, des hélicoptères.
Ces carences, décrites très tôt par un sous-chef opérations -toujours à la même place- n'ont néamoins pas fait évolué les modes d'action. Il y a encore moins d'avions et d'hélicoptères qu'en 2013, par contre, il y aura bientôt autant de militaires, au total, à Barkhane, qu'en 2013. Leur mode de déploiement, par la route, rend difficile, voire vain, tout effet de surprise.
Tout cela interroge, mais curieusement, pas les élus chargés de s'y intéresser.

(1) l'armée britannique a sombré en s'engageant en Irak en 2003. Sentinelle et Barkhane, c'est l'Irak de l'armée française.
(2) la réflexion vaut aussi pour l'Irak.

Mes tweets d'actu sur @Defense137. 
Mes derniers livres : Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de Taillac), L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre de Taillac) et Commandos du Ciel, préface du général André Lanata (Editions JPO).