samedi 4 avril 2015

90 minutes chrono

Au printemps 2014, le BPC Dixmude répétait ses gammes en matière d'évacuation de ressortissants
(RESEVAC), sur les côtes du Var. C'est un grand classique pour les navires de la marine avant de partir en opérations. Cela n'a pas raté, aujourd'hui, le BPC Dixmude, en mission Jeanne d'Arc en océan Indien, a évacué 44 ressortissants présents au Yémen, à Balhaf (est). Leurs nationalités n'ont pas été précisées, l'EMA se bornant à annoncer qu'ils retrouveront la terre ferme à Djibouti, situé en face, comme ce blog le rappelait il y a peu de temps.
L'opération n'a pas pris plus de 90 minutes chrono, selon l'EMA. Un bon connaisseur des opérations aéroterrestromaritimes, le capitaine de vaisseau Pierre de Briançon, commande le navire. Il y a un mois, il recevait à son bord le CEMA, trois CEM d'armée.

Les photos diffusées par l'EMA ne mettent en avant que l'EDA-R emporté dans le radier du Dixmude. Une belle promo pour cet engin prometteur, qui n'avait pas été trop utilisé en opérations jusqu'à présent. Les deux CTM, positionnés à l'arrière du radier au départ de Toulon, ont aussi goûté à l'eau de mer, ainsi que de moyens spécialisés de la marine évoluant dans cette zone.
Le BPC était sous OPCON des Forces Françaises à Djibouti (FFDJ), commandées par un aviateur, le général Philippe Montocchio.
Le texte, lui, reconnaît que des moyens militaires aériens et navals présents dans la zone ont été mis en alerte, depuis la dégradation de la situation, le 11 février (soit un mois avant le départ du Dixmude).
Rappelons qu'à cause de Sentinelle, le Dixmude est parti sans son habituel contingent de marsouins (1). C'est donc la brigade de protection du bord, peut-être renforcée de quelques extras, qui s'est chargée d'identifier, filtrer, fouiller et de faire naviguer les ressortissants.
En cas de gros coup dur, il reste néanmoins quelques militaires à Djibouti, notamment des Spahis qui eux, au contraire, ont pris du rab à cause de Sentinelle. Les malheurs des uns font aussi par fois les malheurs des autres.
A ce stade, la France n'a pas annoncé d'autres interactions en face du Yémen, côtes devant lesquelles son porte-avions doit bientôt passer.
Une ressortissante française reste retenue en otage sur place.
Selon le programme diffusé à son départ de Toulon, la mission Jeanne d'Arc doit rester dans cette zone tout le mois d'avril pour "le soutien aux opérations de lutte contre le terrorisme (comprendre TF150) et la piraterie (Atalanta)".
Les BPC sont bien taillés pour les RESEVAC. Le Mistral (alors commandé par l'actuel amiral Frédéric Jubelin) a mené celle du Liban en 2006, et le Tonnerre était en réserve, en 2011, devant Abidjan, notamment en cas de RESEVAC par voie de mer. Mais deux frégates avaient suffi pour une RESEVAC en Libye, le 30 juillet dernier, avec l'appui du GIGN et du Commando Hubert.
Même si cela ne fait pas les gros titres, ces RESEVAC sont souvent l'objet d'une reconnaissance diplomatique qui n'est pas nulle. Celle du Japon, après que les FS ont préservé la vie de leur représentant en Côté d'Ivoire en 2011, par exemple. Des Américains ont aussi, régulièrement, été sauvés de gros soucis, en Afrique notamment.


(1) le BPC dispose d'un DETALAT à bord, mais les photos de l'EMA ne montrent pas de voilures tournantes.