mercredi 30 novembre 2011

Travailler plus pour gagner moins (Louvois)

Les soucis rencontrés par l'armée de terre avec Louvois (1) ne se limitent pas qu'au versement des soldes de base. Les témoignages convergents recueillis évoquent quasiment tout le spectre des primes, chez les militaires d'active, mais aussi chez les réservistes, une catégorie déjà démobilisée par le peu de cas que l'on fait de son emploi. Certains réservistes ont ainsi beaucoup donné, cette année, pour remplacer les absents au quartier, et certains sont même encore actuellement en opex. Comme c'est l'usage, ils ne perçoivent pas de rémunération de leur employeur (privé), et rien non plus de l'armée ! On évoque des règlements "fin janvier 2012" dans un message référencé 880311/DEF/RHAT/SFRH/NP, en date du 08 novembre 2011. Plusieurs réservistes m'indiquent que les périodes d'ESR ne sont plus soldées depuis juillet dernier. De quoi animer un conseil sur les réserves annoncé samedi.
Encore cette date de janvier 2012 (bizarre...), c'est promis, pour le règlement des "primes de rideau" attribuée aux militaires qui sont mutés (2). Et qui attendent donc le versement de cette prime depuis l'été.
Encore janvier 2012 annoncé à des soldats actuellement en Afghanistan pour le versement de leur prime opex (solde x1,5), alors qu'ils sont déjà sur le théâtre depuis plusieurs semaines (3). Certains militaires en Afghanistan nous confirment avoir touché une solde opex, mais très rabiotée, en octobre.
 Et rien en novembre, tandis que la solde de base était réduite à sa plus simple expression.
D'autres évoquent des versements sur des comptes bancaires fermés depuis des mois : ce sont donc des fiches RH qui n'ont pas été actualisées.
Selon des témoignages convergents, la mise en service de Louvois a été précipitée, puisque l'expérimentation a été réduite à un mois, contre une période bien plus longue prévue à l'origine. Il était même prévu d'envoyer deux bulletins de soldes (un Louvois, un CTAC, ancien régime) pendant cette période transitoire. Au final, cette économie de timbres et de temps, on le voit, n'en est pas une.
Déjà, les militaires s'organisent, à coups de recours avec accusé de réception, de quoi noyer encore plus un système qui ne semble avoir rien vu venir.
On imagine mal, de même, que le même système informatique discerne les situations, au point que les blessés, déjà touchés une fois dans leur chair, le soit en plus, maintenant, dans leur porte-monnaie.

(1) regardés de près par les autres armées, qui y passent, notamment la marine, en mars. L'armée de terre s'attendait à des bugs comme l'atteste cette note d'octobre. "Louvois n'oubliera personne, tout le monde sera soldé" : promesse non tenue !
(2) elle est notamment fonction de l'ancienneté dans la garnison, du grade.
(3) à quoi s'ajoutent ce qui est présenté aux intéressés comme des pannes de l'avion amenant sur place le courrier : ambiance !