vendredi 29 avril 2011

Mémoire, engagement, courage : course à l'échalote (actualisé)

Faute d'avoir vraiment occupé le sujet, et notamment sur le plan médiatique (1), la Défense est en train de se faire dépasser sur sa droite et sur sa gauche, comme l'illustre mon confrère Jean Guisnel. La passe d'armes que décrit le confrère, autour du mémorial opex, n'en est qu'une illustration, mais le même processus risque de se dérouler pour l'idée, généreuse, d'un mémorial day, qui pourrait être reprise et développée à des fins politiques (2).
Alors que l'idée trouve résonance chez la plupart des soldats avec qui on l'évoque. Particulièrement ceux qui sont en première ligne, ou qui y sont allés.
Le mémorial opex est certes utile mais... il existe déjà : il suffit de parcourir les travées des Invalides, pour découvrir les plaques commémoratives appliquées sur les murs. Cela permet, par exemple, de se rappeler que les Bretons ont largement payé leur écot à la Grande Guerre, ou que les femmes n'étaient pas qu'aux fourneaux, lors de la suivante. Cela permet aussi de rappeler que les guerriers ont à l'époque convergé de tous les coins du monde français d'alors, pour libérer la France, ce qui, dans l'ambiance un peu trouble d'aujourd'hui, n'est pas inutile de rappeler.
Mais ce mémorial n'aura pas -ou très peu d'impact- sur l'entretien de la mémoire, et particulièrement où c'est utile, dans la société civile. Or c'est bien l'objectif de ce mémorial (3).
Un mémorial day aura cette portée, parce que les commémorations à date fixe impactent l'agenda de la presse. Chaque année, la presse se mobilise trois fois autour de son histoire et de son présent militaires : le 14-juillet (antennes ouvertes sur France 2 et TF1, comme jamais), le 11-novembre, et le 8 mai. Tout le reste, quoi qu'en soit le motif, est invariablement "trappé" comme on dit chez nous.
C'est donc sur ces dates (et non pas une date supplémentaire) que le mémorial day français doit surfer. Le 14 juillet est le plus adapté, car par nature, met souvent en valeur les combattants revenant d'opex, tendance chère à l'actuel GMP, le général Bruno Dary.
Un sujet qui vaut deux sondages, mis en ligne dans l'heure, auxquels je vous encourage à répondre.

(1) le porte-parole adjoint du ministère de la Défense a tenté de regagner le temps perdu, hier, au point presse, mais arrivant au lendemain de la communication de l'ADEFDROMIL et de la lettre de la mairie de Paris : l'effet est donc... désastreux, ce qui n'a échappé à aucun journaliste présent.
(2) la crainte d'une récupération politique d'une manifestation en faveur des blessés d'Afghanistan était perceptible, à l'automne. Que ce soit entré en ligne de compte ou pas, c'est comme cela que nombre de journalistes ont décodé l'empressement de l'armée de terre à communiquer (enfin) sur ses blessés.
(3) un officier me rappelle ce matin que la ville de Versailles a fait porter le nom du CPL Jean-Nicolas Panezyck, du 21e RIMa, tombé en août dernier, sur le monument aux morts de la ville. De même me rappelle-t-il aussi que la vile de Meze a baptisé une rue (en fait, une promenade) du nom du sergent Jean-Louis Novarro du RICM, tombé en juin 1992. Merci à ceux qui ont d'autres exemples, de noms de rues, de promotion, ou d'installations militaires, baptisées du nom de morts d'Afghanistan, de me le transmettre sur tanguy_press@yahoo.fr.