vendredi 19 novembre 2010

Ciné tic

Comme on voit mal la France simultanément engager un débat avec Oussama Ben Laden et retirer ses 4.000 et quelques soldats d'Afghanistan, le spectre des options risque de s'amenuiser grandement, pour les cinq otages Français retenus au Sahel depuis 65 jours (déjà...). Ce qui est déjà arrivé à Michel Germaneau, mort faute de médicaments ou réellement exécuté, risquant de se reproduire pour ces cinq Français. Le président a dit, mardi, toute son inquiétude, manifestement pas feinte.
Rien n'est facile dans ces dossiers d'otages. Je n'irai pas donner de conseil à ceux qui gèrent ces affaires, où qu'ils soient. J'effectuerai seulement quelques rappels utiles.
Les Algériens pourraient par exemple nous faire remarquer qu'on est pas venu les solliciter assez tôt dans ce jeu sahélien. Certes, ils sont venus à Paris. Mais peut-être trop tard.
Peut-être faudra-t-il aussi rappeler que l'ancien ministre des affaires étrangères avait effectué un périple au Sahel, en juillet, après l'annonce de la mort de Michel Germaneau. Le motif donné à cette époque pour cette visite était de s'assurer de la sécurité des intérêts français dans la zone.
Comment peut-on penser que le site d'Arlit, stratégique pour la France à plus d'un titre, a pu échapper au questionnement. Alors qu'AQMI venait de cibler les intérêts français.
Ces salariés du nucléaire n'étaient pas dans cette zone en transgression de consignes du quai d'Orsay : ils travaillaient là.
Enfin, et il ne faut pas éluder ces problématiques, alors que l'on s'apprête à voter le budget 2011 de la Défense, ce qui est devenu une opération militaire en bonne et due forme révèle de très graves lacunes. Les opérations de recherches de ces otages ont consommé, en septembre, 40% de la ressource alors disponible d'ATL-2. Et pourtant, on ne parle que de trois appareils (1). Faites votre règle de trois...
On a rencontré d'extrêmes difficultés à pouvoir trouver rapidement des avions de transport d'assaut, pour aéroporter les groupes. Pourtant, on parle là de moins de dix ATA. La France en dispose d'une soixantaine. Une fois encore, la disponibilité des C-130 -entretenus au Portugal- n'était pas au mieux de sa forme. Tout le monde le savait déjà au terme du premier contrat avec OGMA, on a pourtant rempilé avec le même prestataire.
Je n'ose évoquer le cas des voilures tournantes, sinon on va penser que je m'acharne.
Oui, quelques coups de poings sur la table, à l'issue de cette affaire, ne seraient peut-être pas de trop.

(1) un quatrième, et peut-être un cinquième ont été engagés dans le grand nord, dans la traque d'un sub suspect, depuis une base écossaise, nous apprend le dernier Air & Cosmos. Comme au temps de la guerre froide.