vendredi 12 mars 2010

Héros et victimes (actualisé)

Pour la deuxième fois en l'espace de quelques semaines, un stagiaire du CID est envoyé en première ligne, dans les colonnes du Monde pour occuper, à la rubrique des Tribunes, le registre afghan. Le sujet évoquant à la fois le statut du héros, sa perspective historique, et la victimisation croissante de notre société.
Sans vraie surprise, l'auteur y déroule un raisonnement et un champ lexical désormais bien connus. Mais où je n'ai pas forcément tout compris non plus, puisque l'auteur reproche ainsi à la presse (dans un amalgame d'ailleurs habituel) de ne pas avoir glorifié l'action des hommes d'Uzbeen, en faisant par contre une large part à la "victimisation". Un juste rappel est cependant nécessaire : il faut bien préciser que la première priorité de l'armée, à l'époque (et encore aujourd'hui) était bien que ces acteurs et donc témoins de l'embuscade ne croisent surtout pas la presse. Un simple "croisement" aurait peut-être, pourtant, permis de rectifier le tir, et de briser quelques mythes, tout en cassant aussi, quelques récits préformatés (ceci expliquant bien sûr le cela). Le caractère héroïque du CCH Rodolphe Penon n'ayant, dans tous les cas, échappé à personne.
L'armée n'est pas elle-même exempte de reproches, puisqu'elle met parfois fort longtemps à décorer ses "méritants". Je l'écris ainsi, car pour en connaître certains, ces derniers dénient, même devant l'évidence, toute forme de héroïsme et refusent le qualificatif.
C'est finalement comme cela qu'on les reconnaît, les héros authentiques étant souvent les oubliés du parisianisme, ceux dont on ne parle jamais. Une simple lecture de la poitrine gauche permettant, dans certains cas, de se faire une idée. De leur mérite, évidemment.

Le + du Mamouth :
Illustrations de la difficulté de l'armée à faire vivre sa propre mémoire, seul un COP (Belda) a été baptisé du nom d'un militaire français, un chasseur alpin, ayant donné sa vie pour l'Afghanistan. Le COP Rocco, érigé en Surobi par des Français (1er RI et 3e RG) a été baptisé du nom d'un officier... US. Deux COP, le COP42 et le COP46 ont reçu en guise de nom de baptême le numéro du parallèle sur lequel ils sont situés...
Et il ne suffit que de lire les magazines militaires... du ministère de la Défense, pour voir comment le sujet évoqué par notre officier du CID est traité : sur quelle surface, et avec quels titres.

Post-scriptum, samedi, à 18 heures :
Un officier général de l'EMA m'a dit sa fureur d'avoir vu occultée l'action de l'armée de Terre envers ses blessés. Comme ce n'était pas le sujet de ce post, je renvoie ceux qui auraient, éventuellement, une réaction identique (deux-trois se sont donnés le mot manifestement) sur quelques posts récents de ce blog évoquant ce sujet précis, par ailleurs peu traité par la grande presse (mais il est toujours plus facile de pourchasser la petite) :

http://lemamouth.blogspot.com/2010/01/rigolez-les-blesses-en-profiteront.html

http://lemamouth.blogspot.com/2010/01/300-blesses-depuis-2005-155-rien-quen.html

http://lemamouth.blogspot.com/2010/01/du-genie-dans-les-jambes.html

http://lemamouth.blogspot.com/2009/07/des-troncs-pour-les-blesses-de-larmee.html